Pointage du personnel : qui est concerné ?
Le pointage du personnel pour mesurer le temps de travail est une obligation légale. Elle l’est aussi bien pour l’employeur que pour tous les salariés, incluant aussi les cadres en forfait jours.
Un employeur est contraint par la loi à décompter le temps de travail effectué par ses employés au sein de l’entreprise mais aussi dans les lieux où ceux-ci interviennent suivant ses ordres. L’employeur doit ainsi effectuer le pointage des heures et/ou jours travaillés dans son entreprise. Il est important que l’employeur puisse justifier, en termes de quantité, des horaires réalisés par ses employés.
L’obligation générale de justification du temps de travail concerne tous les salariés sans exception et s’applique à tous les types d’horaires : temps plein, temps partiel, horaires décalés, cadres en forfait jours…
Comment doit-être mis en place le pointage du personnel ?
Afin d’être en mesure de justifier le temps de travail du personnel, l’employeur doit mettre en place un système de pointage. Celui-ci peut prendre la forme d’un récapitulatif et/ou d’un enregistrement. Différents systèmes peuvent également être utilisés :
- Un système automatique
- Une simple mention dans un cahier des entrées et sorties journalières
Attention ! Le non-respect de l’obligation de décompte du temps de travail est sanctionné pénalement. Un employeur qui ne se soumet pas à cette obligation est passible de poursuites pénales et d’une condamnation au paiement d’amendes :
- 750 euros si l’employeur est une personne physique
- 3 750 euros si l’employeur est une personne morale
Il y a autant d’amendes à payer qu’il y a de salariés dont le temps de travail n’a pas été décompté.
Le salarié doit-il être joignable à tout moment ?
Si le salarié doit bien effectuer ses heures, il dispose du droit de ne pas être joignable à tout moment. L’article L. 2242-8 7° de la Loi Travail du 8 août 2016 institue pour le salarié un « droit à la déconnexion ».
L’objectif est d’assurer le respect des temps de repos et de congé et également de la vie personnelle et familiale. Le droit à la déconnexion fait l’objet d’une négociation annuelle obligatoire dans chaque entreprise.
Pointage du personnel : existe-t-il des exceptions ?
Comme nous l’avons indiqué précédemment, la totalité des salariés doit se plier au pointage des heures effectuées. Le fait que les salariés aient des horaires particuliers ne les dispense pas de rendre compte des heures qu’ils ont effectuées. En cas d’oubli, d’omission ou de fraude sur ce point, ils peuvent être sanctionnés, voire licenciés, par leur employeur.
La majorité des employeurs sont également concernés par le pointage du personnel. En effet, tous les employeurs relevant du Code du travail doivent décompter le temps de travail de leurs salariés, notamment par le biais du pointage.
L’employeur ne peut évoquer l’existence d’horaires particuliers tels que les astreintes, la pratique d’heures supplémentaires, le temps partiel… pour se dispenser de relever le temps de travail par voie de pointage.
Lorsque l’inspection du travail constate des manquements liés à la durée maximale du temps de travail ou le temps de repos, la Direction Régionale des Entreprises, de la Concurrence, de la Consommation, du Travail et de l’Emploi (la Direccte) peut alors infliger un avertissement ou une amende aux employeurs concernés.
Cette amende s’applique autant de fois qu’il y a de travailleurs concernés par le manquement et peut atteindre jusqu’à 4 000 euros. Toutefois, il existe deux exceptions. Les secteurs de l’agriculture et des transports routiers sont, en effet, soumis à leurs propres règles (Le Code rural et le Code des transports).
Les cadres en forfait jours ne sont pas non plus dispensés du pointage des horaires. Cependant, étant donné que leur durée du travail et leur salaire ne sont pas décomptés ni calculés selon un décompte horaire, comme cela est le cas pour le SMIC par exemple, le pointage se fera alors sur le nombre de jours travaillés dans l’année.
Organisation du pointage du personnel : qui décide ?
C’est à l’employeur seul qu’il revient de décider du mode d’organisation du pointage. Toutefois, lorsque le système de pointage permet de connaître l’identité des salariés et leur heure d’entrée chaque jour, l’employeur doit alors se soumettre à certaines règles :
- la tenue du registre des traitements
- la consultation des instances représentatives du personnel
Si ces règles ne sont pas respectées, le système de pointage sera alors illicite et les documents en résultant ne pourront être produits en justice (pour appuyer un licenciement par exemple).
Mise en place du pointage : le personnel peut-il s’y opposer ?
Comme indiqué ci-dessus, c’est l’employeur seul qui décide de la mise en place du décompte du temps de travail dans son entreprise. Ainsi, il définit et met en place les modalités de pointage qu’il juge les plus adaptées. Les employés ne peuvent s’y opposer à partir du moment où les formalités de mise en place ont été respectées.
Si le système choisi par l’employeur entraîne une restriction disproportionnée aux droits et libertés des employés, ces derniers peuvent s’y opposer.
Il est à noter également que la pointeuse biométrique n’est autorisée que pour contrôler l’accès des zones restreintes ou spécifiques car elle utilise des données personnelles physiques qui sont trop confidentielles pour un simple contrôle du temps de travail.
Qui doit se charger du pointage du personnel ?
C’est l’employeur qui doit faire fonctionner le système de pointage du personnel dans le but de disposer de documents sous format papier et/ou numérique décomptant et enregistrant le temps de travail de son personnel. Néanmoins, il peut confier cette tâche à ses employés en leur demandant de réaliser eux-mêmes en totalité ou en partie les opérations de pointage et/ou récapitulatif des heures et/ou jours travaillés.
Il est à prendre en compte que si les salariés ne procèdent pas au pointage de leurs horaires, ils pourront certes être sanctionnés par l’employeur, mais ce dernier peut encourir aussi une sanction pénale pour oubli de décompte du temps de travail.
Système de pointage et pauses
Les règles en matière de pauses officielles des employés sont les suivantes :
- Une seule pause doit être obligatoirement accordée par l’employeur à ses salariés. Ce sont surtout les employés en usine qui sont concernés car cette pause doit intervenir au bout de 6 heures de travail consécutifs. Cette pause obligatoire peut être prise à une heure définie librement selon un accord interne à l’entreprise. Ici, pointer les pauses est interdit car il s’agit d’un temps de travail effectif.
- Les autres pauses pour vaquer à une occupation personnelle (pour aller fumer par exemple), peuvent être accordées ou non par l’employeur. De même, c’est encore l’employeur qui décidera si ces pauses doivent être pointées ou non.
- La pause déjeuner doit obligatoirement être pointée.
Ne pas oublier l’aspect contractuel
Suite à la mise en place du pointage du personnel, il n’est pas rare de voir apparaître d’éventuels dysfonctionnements de la gestion du temps de travail. Des heures supplémentaires ou à rattraper en grande quantité risquent d’apparaître.
Pour un pointage méthodique du personnel, il est souvent nécessaire de :
- Signer des avenants aux contrats pour les faire correspondre à la réalité du temps de travail, en tenant compte des éventuels aménagements qui s’imposent.
- Négocier un accord sur le temps de travail, qui prévoit la marge au-delà de laquelle les heures ne seront pas décomptées et le délai imparti au salarié pour que celui-ci régule son temps de travail total (par exemple sur quinze jours ou un mois)
Veuillez prendre connaissance des mentions légales en vigueur sur cet article.